R.P. O’Kelly

 

Le Révérend Père O’Kelly

La Société Royale Archéo-Historique de Visé et de sa Région  ASBL et le Musée Régional d’Archéologie et d’Histoire de Visé ont publié, en 1990, les cahiers écrits par le R.P. O’Kelly de 1915 à 1920 dans lesquels il a noté, semaine après semaine, des éléments de vie qui apparaissent comme importants dans ces moments forts pour notre région.


QUI EST LE REVEREND PERE O’KELLY


Trois jours avant le 86e anniversaire de sa naissance, mourait paisiblement au Collège Saint-Servais le Révérend Père Charles, Marie, Joseph, Adhémar, Adolphe, Louis, Etienne O’ Kelly de Galway, né à Buysinghem le 18 mai 1865. Il était d'origine irlandaise (son nom le dit en suffisance). Sa famille, fuyant son pays en butte aux persécutions, s'était établie en Belgique depuis le milieu du 18e siècle.


A part ses brèves années de formation à Namur, à Turnhout (Humanités), a Arlon (son noviciat), à Dublin (sa théologie et son ordination le 31/7/1898), sa longue vie religieuse de Jésuite commencée le 24 septembre 1884 à l’issue de ses humanités, s'écoula toute entière à Liège.


Agé de 22 ans, il arrivait au Collège Saint-Servais chargé d’accueillir les petits Liégeois au seuil  du «  TEMPLE »  alors intact et vénéré des humanités gréco-latines. 1200 élèves doivent à ses soins vigilants leur initiation aux revêches beautés de la langue de Cicéron ... comme le révèle si joliment sa notice nécrologique.


Il restera jusqu'à 69 ans au service de la jeunesse, ayant 31 années de professorat de 6e latine. En 1900, le Collège le voyait en effet revenir et ses premiers ministères de jeune prêtre le conduisirent dans notre région qui prit peu à peu dans sa vie une place si importante, qu'allait encore élargir la Guerre 14-18. Il fut en effet le témoin impuissant de l’incendie de Visé en août 1914 et de la dispersion de ses habitants car chaque semaine il se rendait dans la région pour suppléer à l'absence des jeunes prêtres mobilisés.

Dès 1916, le curé Ceyssens de Dalhem (il avait été vicaire à Visé de 1884 a 1890) le retenait pour diverses circonstances de la paroisse et il eut très souvent recours dans la suite à son aide et à son dévouement comme d’ailleurs ses 5 successeurs.


L’amour du Saint-Sépulchre les réunissait et leurs vues historiques allaient de paire. Devenant alors tout-à-fait dalhémois, Ceyssens est heureux de trouver un collaborateur qui partage si bien ses goûts, l’associant de plus en plus à ses recherches. O'Kelly consacre bientôt à la petite histoire, aux enquêtes généalogiques, tous les loisirs que lui laissent ses fonctions. Piqué par la curiosité, il aime fouiller les archives et documents anciens; il en rapporte mains traits originaux qui alimentent ses chroniques dans les feuilles régionales pour faire aimer aux gens leur terroir. Les lecteurs du Journal d'Aubel et de Dalhem lui en doivent une connaissance plus amoureuse.


D'abord sous le pseudonyme de Jean de Naivagne, mais surtout sous celui de Sandre de Rosmel. il les promènera pendant plus de trente ans dans tous les coins, leur révélant les secrets, leur expliquant les traditions et les usages.


C'est ordinairement à pied que l'amateur du Comté de Dalhem parcourait le pays et les gens y étaient si habitués qu'un digne Aubelois disait "Le paysage sera bien changé lorsqu'on ne verra plus le Père sur les chemins".


C'est avec beaucoup d'émotion aussi que s'exprimait feu Jean Thisquen, l'auteur du merveilleux ouvrage sur la cartographie de Limbourg, dans une missive qu'il m’adressait en décembre 76, en évoquant des souvenirs vieux de plus de 50 ans : "Quelques instants, j’ai parcouru avec lui" les routes de Dalhem, Visé, St Remy, Trembleur. Bombaye, à la quête de curiosités historiques, de croix, d’églises, de chapelles... et de baies ! Il marchait au pas de charge dans ses gros godillots trop longs, rembourrés de journaux pour les mettre à sa pointure. C’était un prêtre à la Foi fervente et humaine, un sage et, sous sa réserve, un enthousiaste d’une grande sensibilité ».


Comme me le confia son confrère le P. Bruno Syndic (de Berneau) "il aimait ces longues courses à travers les campagnes, toujours un peu mystérieuse pour ses proches..."

Sentant ses forces décliner, il eût à coeur de remettre à des mains expertes les résultats de ses minutieuses enquêtes, et connaissant par expérience les ressources qu'offrent aux chercheurs les manuscrits, il confia aux sociétés savantes dont il était membre, les liasses d'innombrables notes accumulées au prix d'un labeur incessant.

Il était membre actif de la Société d'Art et d'Histoire de Liège et membre d'honneur de notre Société à laquelle il remit une bonne trentaine de cartons et cahiers de notes, d'articles en projet, etc...

Ce sont ses onze "journaux de guerre" inédits (1915-1920) que notre Société vous révèle ci-après.

(Texte aménagé sur les notices nécrologiques des 24 et 26.5.1951, mon ”ln Memoriam" de la Pentecôte 1971 et la notice lui consacrée dans "Dalhem le Comte volume II, à paraître).

Jacques DETRO